Par Le Figaro avec AFP
Publié le 07/12/2020 à 21:52
Les pouvoirs publics européens et français doivent accélérer la création d’un «euro numérique» pour ne pas prendre de retard sur le yuan chinois ou le projet de monnaie privée de Facebook, a estimé lundi la fondation Concorde.
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Ce cercle de réflexion d’inspiration libérale s’exprimait dans le cadre d’un rapport sur la technologie de chaîne de blocs, en anglais «blockchain», rédigé en collaboration avec la banque publique Bpifrance et Havas Blockchain. La «blockchain» est un protocole informatique, dont la forme la plus connue est le bitcoin, le cryptoactif qui vient de revenir à ses records de valeur après un krach fin 2017. Elle permet de créer des objets informatiques infalsifiables, qui peuvent échangés à travers toute la planète grâce à internet. En se basant sur cette technologie, «la Banque centrale européenne (BCE) doit accélérer la mise en place d’un euro numérique dans un contexte où Libra», le projet de crypto-monnaie lancé par Facebook «est capable de devenir une banque centrale privée, et où la Chine lance un crypto-yuan aux ambitions mondiales», affirme la fondation.
Elle préconise la création d’une «monnaie digitale de banque centrale destinés aux paiements de gros» (paiements interbancaires et paiement de montants élevés), pour permettre notamment l’abaissement des coûts de transaction. Elle soutient également la création d’une «monnaie digitale de banque centrale de détail», que monsieur Tout-le-monde pourrait détenir et utiliser pour ses paiements courants. Cet euro électronique pourrait de surcroît être «programmable», grâce aux propriétés de la chaîne de blocs: par exemple, la BCE pourrait émettre des euros électroniques devant être utilisés dans un temps et à un endroit donnés, pour venir en aide à une population en difficulté.
Renforcer le financement
La fondation Concorde rappelle par ailleurs dans son rapport les nombreux projets d’utilisation de la blockchain hors cryptomonnaies. La chaîne de blocs est ainsi expérimentée dans l’industrie (agro-alimentaire, luxe, santé, automobile…) pour «tracer» des produits grâce à un certificat numérique accompagnant le produit du producteur au consommateur. Elle est aussi expérimentée pour simplifier et fluidifier les échanges de titres financiers, de certificats de production d’énergie, ou de certificats administratifs.
Pour faire accélérer ces expériences jugées prometteuses, le rapport suggère que l’Europe «renforce le financement» des projets blockchain, pour se mettre au niveau de la Chine et des États-Unis, dont les fonds d’investissements auraient déjà misé 20 fois plus sur cette technologie. La technologie blockchain doit être inscrite nommément dans le portefeuille d’un commissaire européen, affirme également le rapport.