Ce jeudi 30 mars, la Fondation Concorde recevait Gaspard Koenig président du think tank “Génération Libre” et Alexandre Vesperini Conseiller de Paris, pour nous parler de notre capitale et surtout des perspectives de solution pour la rendre plus sûre, plus propre et plus attractive.
“Quand Paris va mal la France va mal, et inversement” A. Vesperini
Les préoccupations concernant la ville de Paris ne doivent pas préoccuper uniquement les parisiens, mais bien tout le pays. La question de la ville de Paris n’est pas un sujet local mais bien un sujet national. A ce titre Alexandre Vesperini a repris l’adage “quand general motors se porte bien, l’amérique se porte bien”.
Or, actuellement on ne peut pas dire que la situation de Paris se porte pour le mieux. Au mois de mai dernier, comme nous l’a expliqué le conseiller de la ville, une association de riverains a obtenu gain de cause dans un procès contre la ville pour rupture d’égalité des citoyens devant le service public, une première dans l’histoire de la ville. La réalité est là, aujourd’hui les services publics ne sont pas efficients et ne sont pas dispensés partout de la même façon.
Un état des lieux qui peut surprendre, car le nombre de fonctionnaires n’a jamais été aussi élevé, au nombre de 54 000 pour la Ville de Paris. A cela il faut ajouter les personnels des différents syndicats mixtes qui s’occupent des services de la ville également, et tous les fonctionnaires en charge de la sécurité à la Préfecture de Paris. Au total, les fonctionnaires de Paris sont plus nombreux que les fonctionnaires siégeant à Bruxelles pour l’Union Européenne.
Pour Alexandre Vesperini, le véritable problème ne vient pas tant de la politique menée – peu importe qu’elle soit menée par la gauche ou par la droite d’ailleurs – mais surtout de la vision que l’on a de la gouvernance de la ville et de son agglomération. A chaque projet d’envergure, de multiples acteurs sont présents autour de la table : l’Etat, la région, le département, la ville de Paris. Ce qui entraîne une paralysie pour les grands projets d’infrastructure, là où la ligne 1 du métro parisien à son origine s’est construite en 2 ans, le nouveau projet de transport se prévoit en 20 ans.
“Qu’est ce qu’une politique libérale de la ville ?” G.Koenig
Fidèle à son credo libéral, Gaspard Koenig a essayé d’appliquer son prisme à la politique de la ville.
Une tâche ardue car comme il le précise lui même, la ville est un lieu quasi-exclusivement composé de biens communs, nous partageons tous le même air, nous partageons tous les mêmes paysages, les mêmes routes et trottoirs etc. Ainsi, il est impossible pour quelqu’un, même quand il est propriétaire d’un immeuble, de faire ce qu’il souhaite de sa façade si celle-ci fait partie d’un quartier historique.
Quant aux critiques faites à la ville en termes de propreté ou de quartiers bruyants, le président de Génération Libre a tenu à relativiser le rôle public en nous rappelant la très célèbre Fable des Abeilles de Mandeville. En quelques mots, celle-ci raconte comment une ville prospère s’est progressivement éteinte le jour où les individus sont devenus parfaitement vertueux. En effet, la justice ne fonctionnait plus, le système bancaire également car les individus ne contractent plus de prêts, les entrepreneurs ne prennent plus aucun risque, etc. La conclusion de la fable stipulant “vices privés, vertu publique”.
Dans le même type d’exemple, un économiste libéral avait proposé de totalement privatiser les trottoirs des villes, instaurant un péage à chaque fois, ce qui rendrait la circulation pour le moins difficile.
Cependant, sans aller jusqu’à de tels extrêmes, G. Koenig préconise plus d’éléments privés dans la politique de la ville. Il a notamment cité l’exemple de certains squares privés dans la ville de Londres, ouverts au public quelques jours par semaine, mais entretenus par des riverains le reste du temps. Avec pour résultat des squares très propres pour le plus grand bonheur des visiteurs.
De même, il se positionne en tant que ardant défenseur du “laissez-faire”. Si un quartier est particulièrement bruyant car peuplé de bars et de lieux de fêtes, alors le marché fera en sorte que les prix de l’immobilier dans ce quartier diminuent pour compenser ce désagrément.
Quelles perspectives pour l’avenir ?
Tout d’abord, il s’agit de ne plus embaucher de fonctionnaires supplémentaires. En effet, il est nécessaire de réorganiser le service public, le nombre de fonctionnaires étant suffisant pour assurer un service de qualité, à condition que celui-ci soit efficace.
Ensuite, il s’agit de responsabiliser le citoyen, non pas en lui promettant des amendes toujours plus lourdes, où en augmentant les taxes locales pour compenser son mauvais comportement, mais plutôt en favorisant la démocratie locale. Sans aller jusqu’à une privatisation totale, il s’agit de redonner de la place aux collectifs de quartier, qui sont les plus à mêmes de prendre des décisions les concernant. En revanche, s’il faut donner plus de place aux citoyens dans la propreté de leur ville par exemple, il faut en contrepartie alléger les impôts locaux qui ont pour but de financer ce service. Si l’on accepte de déléguer une partie du service public à la démocratie locale, il convient de leur laisser également les marges financières pour le faire. Pour cela, une réforme est centrale dans ce nouveau processus de décision : il faut rendre l’autonomie fiscale aux collectivités. Les besoins, que ce soit en termes de propreté ou de sécurité, ne sont pas les mêmes pour chaque ville, laissons les appliquer la fiscalité qu’elles souhaitent et laissons les individus choisir eux-mêmes si cette fiscalité leur convient.
Enfin, peut-être sans aller aussi loin dans la décentralisation, il faut donner une place plus grande à la ville de Paris et ainsi réduire massivement le mille-feuille d’organisations dans la prise de décision. Pour conclure, Gaspard Koenig a expliqué que l’identité ne se fait plus uniquement au niveau national et que le poids de l’Etat-nation est complété par d’autres identités, telles que les métropoles. Au lendemain du vote sur le Brexit, les villes de Londres et de Paris ont tenu à souligner leur partenariat et leur volonté de travailler ensemble, malgré la prise de distance entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne. Alexandre Vesperini a lui terminé son propos en expliquant qu’il fallait donner une véritable place à nos collectivités locales en leur permettant d’être des chef de file sur certaines compétences.