Ce jeudi 2 mars, dans le cadre du cycle des Apéros Concorde en partenariat avec les Vendredis de la colline, nous recevions Jean-Philippe Desbiolles, vice-président d’IBM France, qui s'est exprimé devant une cinquantaine de jeunes présents sur les conséquences de l’intelligence artificielle sur notre société.
M. Desbiolles a d’abord tenu à mettre en perspective l’intelligence artificielle dans le contexte actuel, celui d’une 4ème révolution industrielle. A ce titre, il explique qu’il faut savoir calmer les passions et appréhender avec sérénité et discernement ce phénomène.
La rupture majeure amenée par l’intelligence artificielle se résume en une phrase : “La fin du code”. La révolution en cours va faire évoluer la pratique de l’informatique d’un modèle où il s’agit de mettre en place un programme, de le tester, puis de le modifier avant de le tester à nouveau, vers un modèle d’apprentissage. Dans ce nouveau modèle il suffira de former l’intelligence artificielle dès “son enfance” en lui faisant ingérer un certain nombre de données nécessaire à son éducation, ce qui suppose qu’on ne lui inculque pas de fausses informations pour ne pas rendre son développement néfaste.
Il s’agit de démystifier ce débat : aucun système d’intelligence artificielle ne saurait fonctionner sans l’intervention préalable d’un humain. “L’intelligence artificielle sera ce que tu en feras”.
La partie la plus importante de cette révolution n’est pas le remplacement de l’humain par la machine, mais bien son accompagnement par elle pour réaliser de plus grandes choses . M. Desbiolles a pris l’exemple du conseil bancaire : l’image d’une banque est totalement liée à la compétence de ses conseillers. A l’aide d’une intelligence artificielle, le travail d’un conseiller bancaire pourrait s’enrichir de l’analyse d’un très grand nombre de données que seule la machine a la capacité de comprendre et d'interpréter. Il y a un transfert d’expertise de l’humain vers la machine, mais la décision finale revient inévitablement à ce premier. Un système d’intelligence artificielle permet d’augmenter considérablement la qualité des services proposés, et va impacter et améliorer tous les domaines d’activités, de la santé à l’aéronautique en passant par la banque.
Les entreprises doivent faire face à un changement important de modèle. En effet, la révolution de l’IA apporte avec elle l’utilisation massive du cloud, ce système permettra alors de ne plus se déplacer physiquement mais justement de rendre ce service à distance, ce qui enclenchera une création de nouveaux emplois très importante.
Suite à l’intervention de M. Desbiolles, plusieurs questions ont été posées. Certaines traitaient de l’aspect philosophique de l’intelligence artificielle, en interrogeant sur l’aspect éthique d’une telle révolution. D’autres questions ont interroger sur la réglementation à mettre en place pour accompagner l’émergence de l’intelligence artificielle. Sur l’aspect éthique, M. Desbiolles a insisté sur le fait que l’intelligence artificielle est une machine qui vient en assistance de l’Homme. Ainsi de la même façon qu’on apprend à un enfant un certain nombre de principes et de valeurs, il convient d’apporter à la machine un corpus de données d’origine qui la guideront dans un sens plutôt que dans un autre.
D’un point de vue plus pratique, les grandes entreprises du secteur ont mis en place un comité d’éthique qui a pour but d’orienter les grandes politiques d’innovation et de mise en marché de l’intelligence artificielle. Il est important de faire, mais il est encore plus important de penser ce que l’on va faire au préalable.
M. Desbiolles a conclu sa captivante intervention par une citation :
“L’intelligence artificielle sera au cerveau ce que la machine à vapeur a été au muscle”