Avec Eric Thirouin, Président de la commission environnement de la FNSEA
Ce mercredi 11 mai, la Fondation Concorde avait le plaisir de recevoir Eric Thirouin, Président de la Commission environnement de la FNSEA autour du thème “Qui veut tuer notre agriculture ? Le cas des néonicotinoides, du diméthoate etc."
Alors que les discussions sont actuellement en cours au Sénat dans le cadre du projet de loi biodiversité sur une éventuelle interdiction des néonicotinoïdes, Eric Thirouin a défendu la position des agriculteurs face à cette menace d'interdiction et dressé un portrait de l'agriculture française et du contexte difficile qu'elle traverse.
Le secteur agricole a une particularité : les pieds ancrés dans le local, il doit avoir la tête tournée vers les marchés mondiaux. L'économie agricole française est en concurrence avec les autres pays européens. C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre les enjeux de l'interdiction des néonicotinoides dans la loi biodiversité en discussion actuellement, et l'interdiction du diméthoate actée depuis février 2016.
Les néonicotinoïdes sont un ensemble de molécules utilisées comme insecticides, découvertes en 1985. Ils sont utilisés par un grand nombre d'agriculteurs, procurant un meilleur rendement pour les terres en éliminant les parasites.
Le diméthoate est un insecticide utilisé pour traiter les cerisiers -notamment- contre une mouche asiatique – la drosophile suzukii – qui ravage les exploitations.
En interdisant des produits phytosanitaires autorisés partout en Europe, les décideurs français créent une réelle distorsion de concurrence qui ne peut qu'être nuisible à nos agriculteurs. Il n'existe pas de solutions alternatives viables à ces deux produits, les agriculteurs se retrouveront donc dans une impasse pour éviter le dumping agricole et assurer un prix équivalent à leurs concurrents européens.
La menace pesant sur ces deux substances en France, est le fruit de notre application maximaliste du principe de précaution. La cause environnementale a pris un magistère moral sur le principe de précaution, laissant de côté la scientificité pour jouer sur l'émotion.
Tout produit utilisé de matière déraisonnée peut être dangereux, c'est pour cette raison que la FNSEA préconise, tout comme l'ANSES des mesures de gestion restrictives, et un encadrement pour limiter les risques. Il faut faire des études d'impact, et des analyses coût-bénéfices pour avoir un spectre plus large, et dépasser les mesures simplistes prises par idéologie. De plus, la FNSEA établit d'ores et déjà une politique de prévention auprès des agriculteurs, en leur diffusant des guides pour utiliser au mieux les produits phytosanitaires, dans le respect de l'environnement. Cette politique pro-active a permis de réduire l'utilisation des insecticides et pesticides.
Selon un sondage, la principale raison du malheur des agriculteurs réside dans la réglementation qui pèse sur eux. La politique de surrèglementation, particulièrement féroce en France, est le principal frein pour leur activité, et fait peser un risque économique fort sur eux. Cette situation est causée en grande partie par le fait que l'activité des agriculteurs est régi par 5 à 7 ministères différents. La communication étant faible entre les différents ministères (et même au sein des ministères, entre les différents services), les normes s'accumulent et sont parfois contradictoires.
Pour cela, la FNSEA souhaite la création d'un conseil comité réunissant les 10 à 15 directions générales concernées, sous la direction d'un préfet afin de communiquer pour mieux harmoniser les politiques menées et éviter les multiplications des réglementations et normes qui pèsent lourdement sur la production agricole française.
Enfin, la FNSEA appuie de manière générale pour un respect de la part des décideurs français des avis faisant foi des agences françaises et européennes, plutôt que d'outrepasser ceux-ci.