Trois défis pour le quinquennat


Trois sujets taraudent en profondeur la société française sans que des décisions publiques structurelles aient montré à ce jour une quelconque détermination à les traiter.  

Je veux ici parler d’une sorte de séparatisme territorial silencieux, de l’émergence de deux France

– La France urbaine qui concentre aujourd’hui les entreprises, les emplois et la création de richesse mais aussi les services et les équipements.

– La France, dite périphérique, qui a toutes les peines du monde à retenir ses habitants faute d’activités et de services. 

Un autre sujet concerne les limites de notre croissance économique générées à la fois par une formation professionnelle mal adaptée et des dépenses sociales qui paradoxalement rendent moins apte à décrocher un emploi ou une activité.  
Mais le cœur de nos difficultés résulte sans nul doute du niveau élevé de nos dépenses publiques (la France détient le record européen de ces dépenses générant une course aux prélèvements de tous ordres destinés à les financer.  


– Le défi territorial

Depuis des décennies, le déclin industriel et l’anémie commerciale sont à l’œuvre et s’accélèrent encore davantage sous la pression des grandes métropoles, des changements institutionnels, et de l’abandon des mécanismes de péréquation publique (le déclin des politiques d’aménagement du territoire, sous la pression des règles de l’Union Européenne mais aussi de la politique de facilité des pouvoirs publics, ont mis à bas tout mécanisme correcteur destinés à gommer les disparités territoriales).  

Cela aboutit au total au déclin accéléré de nombreuses villes moyennes et à l’affaissement des territoires qui les entourent. Aux conséquences économiques, sociales et sociétales s’ajoutent aujourd’hui des conséquences politiques avec un sentiment d’abandon croissant de la part de ces populations, toujours plus tentées par un vote extrême.   

Le rôle des pouvoirs publics est de recréer une égalité des chances pour les activités et les populations qui vivent dans cette France appauvrie. Il nous appartient de recréer des mécanismes de péréquation avec des instruments modernes liés aux politiques publiques, en faveur de l’innovation, du numérique, du soutien à l’intelligence artificielle.  
 
– Le défi social  

Au moment où une reprise économique se dessine enfin (2% de croissance en 2017), 90% des PME estiment avoir des difficultés à recruter ! Quel paradoxe pour un pays qui compte près de 5 millions de chômeurs ! 

Deux problèmes se conjuguent aujourd’hui et expliquent ce chiffre incroyablement élevé :  
1/ Inadéquation de notre politique de formation professionnelle (34 milliards d’euros y sont consacrés avec des résultats très faibles). Nous souhaitons que les textes législatifs à venir dans 
ce domaine améliorent sensiblement le dispositif ; les précédentes réformes ayant été peu efficaces dans ce domaine. L’axe directeur de cette nouvelle politique devrait consacrer la capacité pour le salarié de pouvoir disposer d’un droit à la formation beaucoup plus important en phase avec les nouvelles modalités du travail dans une économie moderne.  
2/ Un ensemble de mécanismes dits de solidarité (avec un niveau de dépenses sociales autour de 35% de notre PIB contre 12% qui y étaient consacrés en 1981) qui éloigne les inactifs de l’emploi au lieu de les en rapprocher.  
Faute de réformes structurelles dans ces deux domaines, le taux de chômage a peu de chance de baisser de manière spectaculaire et se maintiendra automatiquement à un niveau fort (autour de 8%).  

– Le défi des dépenses publiques

Avec 57% du PIB consacré aux dépenses publiques, la France caracole en tête des pays de l’OCDE ; plusieurs conséquences découlent de ce niveau inégalé :   

– Un taux d’imposition record

– Un endettement de l’ordre de 97% de notre PIB

– Un déficit budgétaire récurrent  

Chacun connaît ici les grands inconvénients de ces niveaux.

Peu pointe du doigt une conséquence dont les causes restent mal perçues : une place prépondérante de l’Etat par rapport à la société civile, avec son cortège de surrèglementation et de suradministration. Reconnaissons là encore un échec patent des timides tentatives de baisse de la dépense publique, quels que soient les gouvernements qui se sont succédés depuis les années 2000.  

Force est de reconnaître que ces trois défis sont, encore aujourd’hui, loin d’être relevés et n’affleurent que de manière partielle le débat public. Notre pays risque pourtant la dislocation et l’effondrement. Il existe des solutions et elles passent toutes par un recentrage de l’action publique et une clarification de son rôle.  

Le temps presse, il est déjà bien tard… 
 
Hervé Novelli Président du Conseil d’Orientation de la Fondation Concorde  
*Tout au long de l’année 2018, la Fondation Concorde publiera de nombreux travaux pour apporter des réponses à ces défis majeurs. 

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