En cette rentrée 2017, ce sont 40.000 nouveaux étudiants supplémentaires qui viendront s'inscrire en plus à l'université. Une croissance annuelle de 1.8% des effectifs, qui se fait à budget constant pour les universités.
Pour endiguer une situation démographique intenable pour les universités, l'exécutif sortant a privilégié la piste aburde du tirage au sort.
Une "solution" qui en plus de ne pas régler la problématique de la massification, va en amplifier un autre, celui de la mauvaise orientation. Une mauvaise orientation est la cause de l'échec en première année dans 80% des cas. Chaque année, ce sont 61% des néo-inscrits qui échouent en première année universitaire. Un gâchis humain et financier qui pourrait être résorbé grâce à un nouveau système universitaire.
Dans sa nouvelle note intitulée "Evitons une rentrée universitaire hasardeuse", la Fondation Concorde propose transformer le système de filières en parcours universitaire à la carte :
1/ Instaurer une spécialisation progressive dès la première année. Aujourd’hui, un étudiant a le choix entre 34 filières post-bac en moyenne. Nous proposons de réduire ce choix à 4 grands domaines : droit-économie-gestion / santé / sciences et techniques / lettres langues et sciences humaines. L’étudiant choisira un parcours et évoluera au sein de celui-ci, en choisissant une spécialisation et une orientation active selon ses préférences. Il s’agit de casser ici la logique de filière et de faculté, pour réfléchir au niveau disciplinaire. Cette mutualisation des effectifs et des capacités d’accueil pourra permettre de réaliser des économies d’échelles pour les établissements, et conférera aux étudiants un droit au tâtonnement où il ne sera plus obligé de choisir une voie spécifique et étroite lui interdisant toute erreur dans son orientation.
Exemple : un étudiant souhaitant devenir juriste en droit international effectuera sa première année au sein du parcours DEG. Puis au fur et à mesure de ses 6 semestres de licence il choisira des UE organisées sous forme de majeurs/ mineurs afin de se spécialiser dans le domaine du droit international. L’innovation ici réside dans la possibilité pour l’étudiant d’explorer des domaines disciplinaires connexes à son choix initial, lui permettant de se réorienter plus facilement si son choix initial ne lui convenait pas.
2/ Instaurer une logique d’enseignements majeurs / mineurs. La logique de Bologne a été mal appliquée en France, on s’est contenté de faire du LMD uniquement pour spécialiser les étudiants en Master 2, à la sortie de leur cursus. Il faut en finir avec cette logique tubulaire archaïque, en permettant à chaque étudiant de construire son propre parcours, pour qu’il soit en accord avec son projet professionnel. Cette évolution permettra d’instaurer plus de flexibilité dans l’approche des parcours de formation, flexibilité pouvant répondre aux enjeux de mutations du marché du travail.
Concrètement, un étudiant souhaitant aujourd’hui devenir économiste dans la santé devra d’abord réaliser un Master 2 en économie, puis un parcours d’étude en santé. En instaurant une logique de 70% des enseignements comme étant imposés et 30% choisis, l’étudiant réalisera un parcours en économie, et en parallèle suivra des enseignements au sein d’un UFR de santé pour se spécialiser dans le domaine de son choix. Chaque étudiant aura ainsi un profil et un parcours différent, pour mieux répondre à ses aspirations et aux attentes du marché du travail.
3/ Communiquer sur les taux d’insertion professionnelle des filières. Le taux d’insertion professionnelle des étudiants est un enjeu d’attractivité pour les établissements dans un environnement concurrentiel entre le privé et le public. Les performances d’insertion sont très différentes selon les filières. Par exemple, 18 mois après l’obtention du diplôme, seul 44% des étudiants diplômés en psychologie sont en emploi stable. Un taux qui grimpe à 90% pour les étudiants en informatique. Ce résultat logique s’explique par la capacité du marché du travail à absorber ou non des compétences qui lui seront utiles.
Nous proposons que soit communiqué aux étudiants sur la plateforme APB, au moment de leur choix d’orientation, les taux d’insertion professionnelle par filière, ainsi que l’espérance de salaire lié au diplôme. Cela permettra aux bacheliers de s’orienter en connaissance de cause et de ne pas plonger dans une voie sans issue. Cela permettra ainsi de réguler les effectifs par filière en désengorgeant celles sous tension qui insèrent moins bien leurs étudiants.
La suppression du tirage au sort dans l’accès aux filières de l’enseignement supérieur doit être vue comme une opportunité de transformer en profondeur l’organisation des enseignements universitaires. En passant d’une logique de filière tubulaire à celle d’un parcours par approche de compétence, nous avons là l’occasion de transformer durablement notre enseignement supérieur afin d’amplifier son attractivité et le faire ainsi entrer pleinement dans le XXIème siècle.
Evitons-une-rentrée-hasardeuse
Maquette type de licence en économie inspirée par ce nouveau système
Maquette-Concorde