Avec Robin Rivaton, Essayiste,auteur de Quand l'Etat tue la nation (Plon)

Ce jeudi 15 décembre, la Fondation Concorde recevait Robin Rivaton, essayiste, auteur de Quand l'Etat tue la nation (Plon), sur le thème : « Réformer la France, enfin possible ? »

 

Robin Rivaton a entamé son intervention en expliquant que dans un pays comme la France, la création de richesse obéit à deux facteurs : le travail et le capital. Or, ces derniers font sans cesse face à des contraintes ne permettant pas à notre pays d'atteindre un niveau de croissance satisfaisant.

D'une part, l'on constate que le volume de travail par adulte et par an en France est de 902h, un des plus faibles de l'OCDE. Seule la Turquie est encore derrière nous. L'Allemagne est 1003h par an. Et, la moyenne européenne est aux alentours de 1050h. Quant aux pays les plus riches au monde notamment la Suisse et l'Australie, le nombre d'heures de travail moyen par habitant est de 1300 voire 1400h/an.

Le deuxième élément important qui grève notre croissance est la fuite des capitaux. A titre comparatif, la France, la Chine et l'Inde sont parmi les pays qui ont le plus fait fuir les capitaux ces dernières années. Le premier bien à l'exportation a été nos millionnaires ! Les capitaux n'étant plus investis dans l'économie nationale, ceci qui nous oblige à aller chercher des capitaux étrangers notamment dans les pays de Golfe, en Russie ou encore aux Etats-Unis.

Ces deux éléments fragilisent le processus de création de richesse conduisant ainsi la France à vivre sans cesse dans l'endettement. En effet, en dix ans, la France a réussi à construire une dette de 600 milliards d'euros sur l'ensemble des résidents Français. Il y a trois grandes causes derrière cela : le déficit public qui ne cesse d'augmenter (1000euros/habitant/mois), la balance commerciale déficitaire ainsi que la fuite des capitaux. Donc, peu de travail et peu de capital entrainent une économie qui produit beaucoup moins que les autres.  En témoigne, la stagnation du PIB depuis plus de 7 ans alors même que la population a augmenté.

Cette économie immobile a bien évidemment des conséquences sociales très fortes. En raison de l'absence de création de richesse, toute progression individuelle des revenus provient de la prédation, cequi tend à renforcer les inégalités et par conséquent fragilise la société.

Face à cette situation critique, plusieurs solutions existent, elles sont bien connues. Nous avons un énorme chantier à faire sur le marché du travail. Aujourd'hui, l'environnement du travail français est l'un des moins favorables alors même qu'il est l'un des plus protecteurs. Par exemple, pour les contrats de plus d'un an, le taux de mobilité en 2016 est inférieur à celui de l'année 2000. Cette sclérose du marché du travail entraine une baisse la productivité.

Pour remédier à cela, il est nécessaire de plafonner les indemnités de licenciement et de permettre une négociation au niveau des entreprises. Aussi, nous devons créer un contrat de travail dérogatoire au SMIC pour les personnes les moins qualifiées. Aujourd'hui, 1,6 million de personnes sont au RSA, il est urgent de les faire entrer dans le marché du travail.  

Si l'on continue sur cette voie, avec un maintien des inégalités de revenus et une l'exclusion du marché du travail terriblement forte, nous serons dans la même situation que l'Angleterre ou encore les Etats-Unis avec un risque de l'arrivée des populistes au pouvoir. Ainsi, il faut encourager une politique d'inclusion par le travail qui soit réellement fonctionnelle et qui puisse intégrer aussi les personnes les moins qualifiées.  

Concernant la fiscalité, nous devons mettre en place un impôt unique sur le capital avec une flat-tax. Cela a été fait au Danemark en 1992, en Suède en 1991. Pourtant, ce ne sont pas d'affreuses dictatures libérales, ce sont les social-démocraties scandinaves.

Comment allons-nous réussir à mettre en oeuvre l'ensemble de ces réformes ? Il est pertinent de noter que, pour la première fois, la France est prête. Nous pouvons bâtir des coalitions majoritaires de réformistes. Ce n'était pas le cas en 2000, nous faisions plus de 3% de croissance et nous vivions dans un autre modèle. Or, aujourd'hui, la société évolue. A titre d'exemple, en 2016, 170 000 jeunes de moins de 30 ans ont créé leur entreprise.

Les états-majors politiques ont enfin pris conscience de ce sujet, assument leur position et annoncent certaines réformes, chose qu'ils n'osaient pas faire avant. 

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