Mercredi 20 avril, se tenait la première édition des Apéros Concorde. Nous avions l'honneur de recevoir Benjamin Gaignault, 27 ans, co-fondateur d'Ornikar, sur le thème “Ces entrepreneurs du numérique qui bousculent les corporatismes"

Tournée vers la réflexion économique et avec la volonté de faire de la France le pays le plus prospère d'Europe, la Fondation Concorde a lancé jeudi 20 avril un cycle d'afterworks mettant en avant les initiatives positives d'une jeunesse qui s'engage.

Créé en 2014, Ornikar est une solution au permis trop cher. Alors que les prix pratiqués par les auto-écoles vont de 48 à 60 euros pour une heure de conduite, Ornikar propose un tarif compétitif à 35 euros. Au final, c'est un permis qui coûte jusqu'à 40% moins cher que dans des auto-écoles traditionnelles.

Le projet a profité d'un engouement financier : début 2014, elle a gagné 13 concours de start-up sur 15 présentés et a reçu le soutien de trois business angels : Xavier Niel, Jacques-Antoine Granjon et Marc Simoncini. La BPI lui accorde 700 000 euros pour renforcer sa trésorerie.

Cependant, les normes pour l'enseignement de la conduite étant très rigides en France, l'entrée sur le marché d'une plate-forme de services numérique comme Ornikar a bousculé les corporatismes propres au secteur de l'auto-école. Cette start-up disruptive a créé un véritable big-bang dans ce secteur où les autos écoles possèdent un monopole de droit.

Les autorités publiques ont, par leur inaction, entravé le développement de la start-up. Afin de pouvoir proposer des leçons de conduite, l'entreprise a fait une demande pour l'obtention d'un agrément en 2014. Cette demande est restée sans réponse (alors que la délivrance d'un agrément nécessite habituellement un délai d'un mois).

Dans le même temps, les syndicats d'auto-écoles lui ont intenté plusieurs procès. La justice a finalement donné raison à celles-ci en décembre 2015, et Ornikar a subi une interdiction d'exercer, assortie d'une astreinte provisoire de 10 000 euros par infraction et par jour.

Durant ses deux premières années d'existence, la société n'a pas réellement pu développer ses affaires, tant elle était mise en péril dans ses fondements même. Entre procès et blocages politiques, les contraintes étaient volontairement permanentes. Benjamin Gaignault affirme avoir passé plus de 70 % de son temps sur cette période à faire du lobbying.

Enfin, la société Ornikar a dû changer de nom officiel, pour espérer avoir une chance d'octroi de l'agrément. Elle a fini par y parvenir en mars 2016. Une libération donc, puisque la start-up revendique aujourd'hui plus de 10 000 utilisateurs.

Si les choses avancent, reste qu'une épée de Damoclès pèse toujours sur la poursuite des activités de la start-up : le risque de suppression à tout moment de l'agrément puisque Ornikar est dans le viseur du ministère de l'Intérieur d'une part, et des syndicats d'auto-écoles d'autre part qui ont continué les poursuites judiciaires envers l'entreprise. Elle est donc encore constamment en péril au gré des décisions judiciaires.

L'exemple d'Ornikar devient, de par son parcours, un cas d'école. Le New York Times est allé jusqu'à faire sa une sur le manque d'opportunité pour les entrepreneurs en France et les corporatismes latents dans notre pays, en prenant l'exemple de cette start-up.

Cet immobilisme pousse à faire partir nos entrepreneurs à l'étranger, et ou de voir des acteurs étrangers venir sur notre marché intérieur à la place de nos propres entrepreneurs.

Aujourd'hui, il faut se poser les questions suivantes : quelle avenir pour les professions réglementées à l'heure du numérique? Et en l'absence de réponse politique, quelle place pour les entrepreneurs souhaitant innover dans un secteur cadenassé ?

Ces questions devraient sans nulle doute être au centre des débats à l'occasion de l'élection présidentielle.

Il existe des Français, qui veulent innover en utilisant le numérique. Il est nécessaire aujourd'hui de tout faire pour donner un cadre favorable au développement de leurs entreprises. Pour cela, une méthode : réduire la réglementation et casser les corporatismes pour libérer l'entreprenariat français et par conséquent stimuler la croissance du pays.

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